Guerriers Normands
Il semble que la première épouse de Guillaume de Briouze ait été Agnès, fille de Waldron de Saint Clare. En secondes noces, il épousa Eve de Boissey, veuve d' Anquetil de Harcourt, laquelle avait déjà sept fils et une fille. (5-1) Robert le Fort, l'un des fils d'Eve, était l'un des combattants de Hastings et un proche compagnon de Guillaume de Briouze.
L'alliance entre les Braose et les Harcourt perdura pendant plusieurs générations. Le fils de Robert, Philippe de Harcourt, devint un personnage très puissant, s'élevant successivement de la dignité de Doyen de Lincoln et Archidiacre d'Evreux à celle de Chancelier du Roi Stephen. Il fut l'homme de confiance du Roi Henri II et, en tant qu'évêque de Bayeux, fit reconstruire la cathédrale, détruite par un grand incendie; là se trouve encore son tombeau.
Le recensement des terres du Conquérant et des droits féodaux y afférant le Domesday Book de1086 constitue un aperçu impressionnant de la suprématie normande. Seulement vingt ans après la bataille de Hastings, la vieille aristocratie saxonne avait presque disparu. Guillaume de Braose figure dans cette étude comme l'un des seigneurs les mieux dotés. L'année suivante, il se trouvait aux côtés du Conquérant mourant, au prieuré de Saint-Gervais, près de Rouen. Le Roi s'était empalé sur le pommeau de sa selle au cours d'une attaque contre la ville de Mantes, son cheval ayant pris peur à la vue des flammes. Il fut enterré à l'Abbaye aux Hommes de Caen.
L'ultime souhait du Conquérant était de partager ses domaines entre ses fils Robert et Guillaume, mais l'un comme l'autre n'étaient pas capables de maintenir la paix.
Robert Courte Heuse, le fils aîné, devint Duc de Normandie mais trouva de nombreux appuis auprès de ceux qui croyaient qu'il obtiendrait également la couronne d'Angleterre. Toutefois, Guillaume le Roux défendit avec succès ses revendications au trône, ce conflit ruinant bien des hommes importants. Les de Braose paraissent avoir soutenu le Roi. Au nombre de ceux qui avaient pris le parti de Robert figure Judael de Totnes. Or, Philippe, fils et héritier de William de Braose, était l'époux d'Aanor, la fille de Judael. Judael possédait de vastes terres dans le Devon, il avait des relations influentes et sa femme était une Bretonne de la lignée des Picquigny, mais, en 1088, il fut banni d'Angleterre et perdit tout.
En 1094, Robert Courte Heuse gagna du terrain quand il assiégea le château de Briouze. Un partisan du Roi, William Peverel, s'opposa à Robert avec 800 hommes mais ils capitulèrent quand il devint clair que Rufus (Guillaume le Roux) n'avait pas envoyé de renfort pour leur venir en aide. (5-2) William de Braose mourut vraisemblablement au cours de cette période conflictuelle. Il est fait mention de lui pour la dernière fois en 1093 mais était certainement mort en 1096.
Son fils Philippe avait déjà suivi la tradition guerrière de la famille. La lutte sanglante pour les territoires des Marches Galloises convenait particulièrement aux ambitions belliqueuses des de Braose et Philippe s'assura la main-mise sur Radnor et Builth, non sans vigilance. (5-3) Les princes gallois qui défendaient ces terres comme étant leur héritage naturel se lancèrent dans des campagnes répétées.
Les premiers succès normands furent suivis de plusieurs revers mais Philippe, en fin de compte, consolida sa position et put construire de solides châteaux. Les Seigneurs des Marches maintenaient leurs terres en grande part hors de la juridiction de la couronne anglaise. Cette politique constituait une puissante incitation aux luttes impitoyables visant à soumettre les Gallois. Cependant l'autonomie des Seigneurs des Marches constituait une menace pour la monarchie, et comme leurs alliances galloises allaient jusqu'au mariage, une nouvelle aristocratie émergea.
Philippe de Braose partit pour Jérusalem, lors de la première croisade de 1096. (5-4) Robert Courte Heuse était également au nombre de ceux qui répondirent à l'appel aux armes du Pape. Partir pour la Croisade était une opportunité appréciée par les hommes dont les fortunes se trouvaient menacées par les hostilités entre Robert et son frère. En fait, quatre Croisés sur cinq n'en revinrent pas, mais Jérusalem fut prise aux Turcs en 1099, et, en dépit de la sauvagerie de la conquête, les survivants rentrèrent couverts de gloire.
Philippe dut regagner l'Angleterre en héros formidable, dur à la bataille. A cette époque, en 1110, Guillaume le Roux venait juste de mourir, Henri Beauclerc, son plus jeune frère, venait de s'emparer du trône et Robert Courte Heuse avait repris le gouvernement de son Duché normand. Philippe de Braose apparaît alors comme le dixième baron le plus fortuné d'Angleterre. (5-5)
En 1106, Henri vainquit Robert Courte Heuse à la bataille de Tinchebray, à dix-neuf kilomètres au nord de Domfront et dangereusement proche de Briouze. L'Angleterre et la Normandie étaient de nouveau unies sous l'autorité du Roi Henri 1er, mais les luttes incessantes sur le continent finirent par compromettre Philippe de Braose, et, en 1110, le Roi Henri confisqua ses terres.
Cependant, il rentra dans les bonnes grâces royales en moins de deux ans et sa baronnie lui fut rendue. (5-6) Aanor, son épouse, avait contribué à l'enrichissement de la famille par l'apport de nouvelles places fortes des régions de l'Ouest (bien qu'elles fussent l'objet de querelles juridiques le siècle suivant). Son père, Judael, rappelé d'exil, devint Seigneur de Barnstaple.
Guillaume le Conquérant fut enterré en l'Eglise Saint-Etienne de l'Abbaye aux Hommes de Caen. Son tombeau est signalé par une dalle de marbre posée en 1802, mais, ayant été profané pendant les Guerres de Religion et la Révolution Française, tout ce qui reste à l'intérieur de cette tombe est un seul tibia.
Guillaume le Conquérant est représenté par cette statue équestre à Falaise, en Normandie, près de l'entrée du château.
New Radnor est dominé par l'énorme butte d'un château. Philippe de Braose construisit le château de Radnor pour garder une voie stratégique en Pays de Galles. De cette butte on peut voir clairement le chemin des premières invasions.
Builth possède aussi un tertre herbeux accidenté qui fut autrefois une place forte pour les envahisseurs normands du Pays de Galles. Le château dominait une région de terrains très fertiles dans la vallée de la Wye et contrôlait les voies de communication des marches moyennes (Mid-Wales).
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