Note 5-4


The Chartulary of the Priory of Saint Peter at Sele (édité par L F Salzman, Cambridge, 1923) traduit une charte dans laquelle Philippe de Braose confirme les dons de son père à l'Abbaye de Saint-Florent. Charte remarquable car faisant état du voyage de Philippe à Jérusalem et, par conséquent, en 1096, quoiqu'elle soit clairement rétrospective et qu'un doute ait pu subsister quant à sa référence à la Première Croisade. Elle dit:

Philippe de Braose, alors qu'il se mettait en route pour Jérusalem, confirma le présent de son père, présent que ce dernier, William de Braose, avait fait à Dieu et à l'église de Saint-Florent, à savoir l'église des Saints-Martyrs Gervais et Protais à Briouze et celles de Saint-Peter de Sele et Saint-Nicholas de Bramber, avec les églises, dîmes et autres rentes afférant aux églises sus-nommées, et les droits de forêts, terres et eaux. Mais il échangea l'église de Scapuleia avec les moines de Saint-Florent, contre celle de Wassingetona, église de Scapuleia dont les moines recevaient chaque année 4 shillings et tout le revenu du domaine. A son retour de Jérusalem, Philippe donna et confirma gracieusement aux dits moines la juste appartenance de l'église de Saint Mary du port (de Haura) de Sorham. Le don de Philippe fut ratifié par son épouse Aanor et Guillaume son fils le 4 Janvier.

Témoins - Silvester moine, Roger, moine, Robert, moine, un autre Robert qui était à cette époque prieur de Sele, Robert, chapelain, Oliver, qui rédigea alors cette charte, Robert de Harcourt, Robert le Sauvage, Simon le Comte, Guillaume de Pointel, Hugues de Cumbes, Bucei, Thomas Tail(l)ebo(i)s, Guillaume, fils d'Anquetil, Oliver de Sacco, Adam de Chernella (Carneille) et autres.

Il est peu vraisemblable que Guillaume, le fils de Philippe, censé ratifier le don fût né aux alentours de 1096-1100, puisqu'il vécut jusqu'en 1191-1192. J H Round (ainsi que H E Salter) pensaient que cette charte faisait référence à un pèlerinage postérieur à la Première Croisade. Une notification plus tardive de Seffrid I, Evêque de Chichester de 1125 à 1147, y fait allusion comme ayant eu lieu " de mon temps".

La participation de Philippe à la Première Croisade est néanmoins indiquée dans le rapport d'autres événements au cours des années 1097 à 1100. De façon plus significative, en 1099, Guillaume Le Roux prononça à Lillebonne une sentence à l'encontre de Philippe de Braose en faveur de l'Abbaye de Fécamp. Or, ce fut en l'absence de ce dernier et Philippe, en personne, reprit ce litige en 1103.

Philippe peut avoir reçu des nouvelles de la mort de son père alors qu'il se trouvait à Radnor. Des moines représentant Saint-Florent lui rendirent visite quand il fut évident qu'il avait vaincu sa résistance première à confirmer les dons de son père à l'Abbaye. De fait, plus tard, il accrut les présents familiaux. Philippe leur octroya ses vergers, un vignoble et d'autres terres près du Prieuré de Sele à Upper Beeding au cours d'une visite au Prieuré Saint-Florent de Monmouth. Ceci est relaté dans une charte, également rétrospective, que l'on peut voir dans le Calendar of Documents Preserved in France, Illustrative of the History of Great Britain and Ireland (édité par J H Round, Londres 1899) page 401, numéro 1120:

Notification que Philippe de Braose, pour le salut des âmes de son père, sa mère et la sienne propre, concéda à Saint-Florent et à ses moines l'entière dotation faite par son père Guillaume en Normandie et en Angleterre, et il fit ce présent à Raddenoa, aux moines Wihenoc et Gilbert, en présence de Guillaume fils de Baderon et Ralf de Gornay, disant à Guillaume que si lui, Philippe, venait à dénier ce don, Guillaume pourrait prouver qu'il l'avait fait. Par la suite, désirant accroître cette dotation, il leur donna, dans leur monastère de l'Evêche de Hereford, ses vergers (virgulta) et vignoble et autres terres près du monastère de Bedinges.

Hujus doni sunt isti testes: Willelmus filius Baderonis,et Paganus frater ejus, et Willelmus forasterius, et Radulfus de Pena Burga et Robertus filius Bernardi, et Radulfus de Gornay et Gislebertus de Cleopenan.

The Liber Albus du Maine et Loire (p.119), source de J H Round, ajoute une narration à cette charte:

"Post haec contigit prenominatum Philippum mare transire, Picavirique adeuntem apud cenobium Salmurense hospitari". (Après quoi, le susdit Philippe entreprit de traverser la mer pour se rendre au Poitou à l'Abbaye de Saumur lui offrit l'hospitalité.)

Le récit se poursuit en disant comment Guillaume de Dol, Abbé de Saint-Florent, encouragea Philippe à confirmer de nouveau ses dons sur l'autel à Saumur, par serment sur l'épée (méthode meme employée par son père pour le contraindre à confirmer la consécration du Prieuré de Saint-Gervais à Briouze). Sa mauvaise volonté d'alors est vraisemblablement la raison pour laquelle les moines de Saumur désiraient lui voir renouveler son serment en leur présence.

J H Round situait ces faits en 1096. Guillaume de Dol fut Abbé de Saint Florent du 28 Juin 1070 au 20 Juin 1118. Le "Liber Albus" peut donc placer ces événements après la mort du père de Philippe: une confirmation des dons familiaux à Radnor, augmentés des dons à Saint Florent faits à Montmouth, en préparation à la croisade et une halte à Saumur, sur le chemin du Poitou, pour se joindre à un contingent en route pour la Terre Sainte.

Le retour de Philippe vers Septembre 1100, si tant est qu'il ait pris part à la Première Croisade, est indiqué dans une lettre que lui adresse l'Archev'que Anselme ainsi qu'aux autres seigneurs de Deheubarth . Anselme lui-meme venait juste d'arriver en Angleterre (voir The History of Wales, l'histoire du Pays de Galles de J E Lloyd, volume II (Londres 1911), page 403, note 13.)

Il peut être significatif que Guillaume IX, Duc d'Aquitaine et Comte de Poitou, partit pour la Terre Sainte en 1101. Il avait tenté d'obtenir de Guillaume le Roux un accord visant à hypothéquer tous ses biens pour obtenir l'argent nécessaire à financer l'entreprise. Ceci échoua en raison de la mort soudaine de Rufus en 1100 et la campagne de Guillaume IX s'en trouva différée (voir C Warren Hollister, Monarchy, Magnates and Institutions in the Anglo- Norman World (1986) chapître 3, "The Strange Death of William Rufus", La mort étrange de Guillaume le Roux, p 67.) Le voyage de Philippe de Braose pourrait donc avoir eu lieu en 1101 pour se joindre à Guillaume IX. Dans ce cas, le retour de Philippe est attesté par sa présence au tribunal pour le jugement du litige avec l'Abbaye de Fécamp.

Les chartes normandes de l'Abbaye de Saint Florent sont rassemblées dans Chartes Normandes de l'Abbaye de Saint Florent, éditées par P Marchegay.


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