Fugitifs

 


Maud et sa famille furent assiégés au château de Meath, mais ils parvinrent à s'échapper et se dirigèrent vers l'Écosse. À Galloway, Duncan de Carrick captura les fugitifs et les renvoya au roi John. Maud tenta à nouveau de regagner la faveur royale en offrant 50 000 marks (qu'elle n'avait pas). Dans l'intervalle, son mari mit Jean, l'aîné de leurs petits-fils, en sûreté à Gower.

Guillaume de Braose échappa de peu aux poursuites du roi John. Il s'habilla en mendiant et s'enfuit en France par son propre port de Shoreham. John fut saisi d'une fureur meurtrière. Il enferma Maud et son fils Guillaume au château de Windsor. D'autres membres de la famille terrorisée survécurent en captivité mais Guillaume, l'héritier, et sa mère moururent de faim dans un cachot de Windsor.

Lorsque Guillaume de Braose atteignit Paris, il aviva les flammes de la rébellion en révélant le fatal secret à l'origine de son ascension puis de sa disgrâce. Il révéla au roi Philippe-Auguste comment John avait assassiné le prince Arthur. L'histoire se répandit comme une traînée de poudre. John avait tué Arthur de ses propres mains dans un accès de fureur éthylique et avait jeté son corps dans la Seine.

Guillaume mourut à Corbeil moins d'un an plus tard, en 1211. Une tradition veut qu'il ait été tué dans un duel. Si cela est vrai, on peut éventuellement penser qu'il eut recours au tournoi et à son adresse aux armes pour gagner sa vie. Guillaume s'était créé davantage d'ennemis que la plupart des hommes au cours de sa vie aventureuse. Il se peut que l'un d'entre eux ait profité de sa vulnérabilité en exil.

Gilles de Braose s'engagea à demander justice et vengeance pour sa famille ruinée, appuyé en cela par son frère Réginald. Stephen Langton, l'archevêque exilé de Canterbury, enterra leur père à l'Abbaye de Saint-Victor à Paris. La population de Tetbury rendit honneur à Guillaume en élevant un imposant monument à sa mémoire. Un souvenir de la terrible chute de la famille de Braose subsiste à Bramber. Les silhouettes de deux enfants furent aperçues dans le village, la veille de Noël, courant main dans la main le long de la rue principale, pâles et maigres, comme s'ils fuyaient le courroux du roi John. Guillaume et Maud avaient eu jusqu'à dix-sept enfants. La plupart d'entre eux atteignirent l'âge adulte, mais inévitablement on ignore le destin de certains d'entre eux.

Le roi fut prompt à distribuer les terres des de Braose pour soutenir les guerres des barons mais il se réserva Bramber. John aimait chasser à Knepp et plusieurs missives royales furent envoyées de Bramber.

Engelard de Cigogny était le gouverneur du château de Windsor quand Maud et son fils furent cruellement condamnés à mourir de faim. Mercenaire étranger engagé par John pour le soutenir contre les barons, ceux-ci demandèrent l'expulsion de Cigogny, mais il resta à Windsor jusqu'en 1224.


On rendit honneur à Guillaume de Braose dans l'église St Mary the Virgin, à Tetbury. Son monument se trouva enterré lorsque l'église médiévale fut restaurée. Quelques restes plus ou moins effrités de la tête et du torse ont été récemment retrouvés et placés près du choeur.


Guillaume de Braose octroya une charte aux marchands de Tetbury où se développa bientôt un marché de laine prospère. Ces "cottages" de Tetbury furent offerts au Prieuré d'Aconbury par Jean - le petit-fils de Guillaume - pour le salut des âmes de sa tragique famille.

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