Meurtre
En 1212, le Roi John leva une puissante armée pour écraser Llywelyn une fois pour toutes. Mais le plan tourna court. Le roi fut ébranlé par les rumeurs d'un complot fomenté en France. Une trahison projetait son assassinat au cours de la bataille à venir. Dans une surprenante volte-face politique, John trompa ses ennemis en se soumettant finalement au pape et en lui livrant l'Angleterre comme fief de Rome. Le pape fut plus qu'heureux d'accepter la soumission de John, accompagnée d'importantes sommes d'argent. L'interdit papal et l'excommunication de John allaient être levés.
Maintenant une attaque contre la personne de John constituerait une offense envers le pape lui-même. Les ecclésiastiques exilés devaient rentrer, y compris l'évêque Gilles de Braose, pour obtenir l'absolution de leurs péchés. En réalité, ce marché répugnait naturellement aux hommes d'église de John et leur haine exacerbée confirma sa réputation de plus méchant roi d'Angleterre.
John persista à nier le meurtre du prince Arthur. Il comptait sur sa protection papale nouvellement acquise pour contrecarrer les efforts de Philippe de France désireux de le faire passer en jugement. Mais, pour que la postérité en soit informée et sans doute à l'instigation de leur protecteur Guillaume de Braose, une vilaine histoire est consignée dans les archives de l'abbaye de Margam:
"Après que le roi John eût capturé Arthur et l'eût gardé en vie quelque temps en prison au château de Rouen, finalement, après le dîner du Vendredi Saint, alors qu'il était îvre et possédé par le Diable, il le tua de ses propres mains, jeta son corps dans la Seine, lesté d'une lourde pierre. Un pêcheur le retrouva dans son filet et le cadavre ayant été ramené sur la berge, il fut identifié et emmené pour être enterré secrètement."
Les ecclésiastiques désabusés relatèrent une autre histoire horrible. Maud de Braose et son fils Guillaume avaient été enfermés dans un cachot avec seulement un peu de lard et de pain d'avoine. Onze jours plus tard, on ouvrit la cellule et tous deux furent trouvés morts. Guillaume était assis droit sur une chaise, le visage tourné vers le mur. Le corps de la mère enlaçait celui de l'enfant. Elle paraissait être morte en l'embrassant, mais un examen plus attentif révéla que les joues de l'enfant avaient été dévorées.
John se rendit compte que les histoires des de Braose lui causaient du tort. Il fit connaître sa propre version de la chute de Guillaume de Braose, pour discréditer la famille rebelle. Il leur avait offert toutes les chances de s'établir avec lui dans la région de Munster et de Limerick mais leurs promesses de paiement n'avaient jamais été honorées.
Par conséquent, selon la loi et la coutume en Angleterre, Guillaume de Braose avait été banni. Maud de Braose avait manifestement mis le roi hors de lui mais il n'était pas fait mention de la véritable cause de sa fureur et du destin final de celle-ci. Le témoignage fut attesté par plusieurs barons, la moitié d'entre eux devant figurer plus tard parmi les chefs de la rébellion contre John en 1215.
L'abbaye de Margam dans le Glamorgan fut fondée par Saint Bernard de Clairvaux en 1147. Le roi John ruina presque les moines quand, en 1210, il leur rendit visite avec son armée. Pire encore, John se dirigeait vers l'Irlande pour ruiner leur seigneur et bienfaiteur, Guillaume de Braose.
Le château du roi John à Limerick éclaire la façon dont John affirmait son autorité en tant que Seigneur d'Irlande. Limerick a joué un rôle capital dans l'histoire de la chute de Guillaume de Braose. Le château constitue maintenant un patrimoine fascinant et une attraction touristique.
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