Les Princes Gallois

 


Deux princes dominent l'histoire de la famille des de Braose: le seigneur Rhys et Llywelyn Fawr. Leur histoire est contée dans un récit contemporain des événements gallois, le Brut y Tywysogyon ou Chronique des Princes.

Rhys ap Gruffydd, le seigneur Rhys, triompha des revendications belliqueuses de ses voisins gallois et normands et des efforts de Henry II pour le soumettre. À partir de 1156, il ramena les territoires perdus de l'ancien royaume de Deheubarth et établit une coexistence plus ou moins pacifique entre de féroces puissances rivales. En 1172 Henry II le nomma juge des Galles du Sud. On porte au crédit de Rhys l'organisation du premier Eisteddfod (festival artistique rassemblant musiciens et poètes du Pays de Galles) et, sous son patronage, les arts gallois prospérèrent.

Une sanglante guerre de succession éclata entre les fils de Rhys, apportant le chagrin et la tragédie à la fin de sa vie. Pour établir Gruffydd, son fils aîné et héritier, Rhys négocia une alliance invraisemblable avec Guillaume de Braose. Gruffydd épousa Matilda, la fille du seigneur des marches. En 1189, Gruffydd combattit et captura Maelgwn, son demi-frère cadet, aidé en cela par son père. Gruffydd remit alors Maelgwn à Guillaume de Braose, qui le garda captif pendant trois ans.

Rhys ne put réconcilier ses fils avant que la peste ne l'emporte en 1197: le royaume de Deheubarth se désagrégea. Gruffydd avait gagné un éphémère avantage dans ces désastreuses dissenssions familiales et quand il mourut, en 1201, ses fils Owain et Rhys cherchèrent la protection d'une autre étoile montante. Ce fut Llywelyn ap Iorwerth, prince de Gwynedd en Galles du Nord. Il est connu sous le nom de Llywelyn Fawr, ou "le Grand".

Llywelyn affermit la confiance renaissante et le sentiment de conscience nationale qu'avait suscités le seigneur Rhys et devint prince de Galles de fait si ce n'est de nom. Son petit-fils, Llywelyn ap Gruffydd, marcha sur ses traces, mais mourut en ayant tout perdu, au bénéfice du roi Edward 1er.

Après l'éclipse de Deheubarth, en 1197, Gwenwynwyn du Powys sud visait à dominer la contrée. Le roi John désirait mettre un frein à de telles ambitions. Il offrit à Llywelyn ap Iorwerth une conditionnelle tolérance à son expansion et lui donna en mariage sa fille illégitime Joan. Comme Rhys, Llywelyn pouvait être un remarquable diplomate et il introduisit des coutumes normandes chez ses sujets lorsqu'elles étaient nécessaires à leur survie.

C'est au vide du pouvoir consécutif à la chute de Guillaume de Braose que Llywelyn dut son succès. Il manipula adroitement les rébellions contre le roi John et rallia successivement à sa cause six des héritiers de Braose. Guillaume et Gilles combattirent à ses côtés comme alliés. Réginald et Jean de Braose épousèrent tous deux des filles de Llywelyn. Guillaume, le fils de Réginald, promit sa fille Isabelle à Dafydd ap Llywelyn et elle devint à son tour une héritière des de Braose.

Réginald de Braose s'allia aussi avec le prince Rhys Mechyll de Deheubarth lorsque ses rapports avec Llywelyn se furent détériorés, en 1217. Rhys Mechyll épousa Matilda, la fille de Réginald, mais aux environs de 1248, la haine qu'elle éprouvait envers son fils, exacerbant les dissenssions familiales, détruisit finalement les princes de Deheubarth. Matilda avait livré Carreg Cennen aux mains des Anglais et Rhys Fychan reprit le château une nouvelle fois, furieux de la trahison de sa mère.

L'on suppose que Joan, l'épouse de Llywelyn, était la petite-fille de Sibyl de Braose. Agatha Ferrers, fille de Sibyl, était certainement la maîtresse du roi John et peut-être la mère de Joan. Le couple a pu se rencontrer alors que Guillaume, le frère de Sibyl, était le compagnon favori du roi. Une autre liaison entre Joan et Guillaume de Braose, fils de Réginald, souligne la complexité curieuse des liens familiaux entre Llywelyn et les de Braose.

Carreg Cennan est une forteresse spectaculaire du royaume de Deheubarth. Un de ses traits caractéristiques est un corridor taillé dans le roc qui conduit à une caverne profonde sous le château.

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